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#32

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Rouleau d'écran de poésie
sous économie d'énergie
#32 • 05/25






Aidan Forster

Autoportrait en princesse horrible sur les bords




Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Samuel Rochery


Dans la gaze tremblotante
De ma première quarantaine,

J’ai peint mes ramures en un
Ocre méchant et définitif.

Aucun des jeunes larmoyants mariés
De cette terre ne daigna me sauver.

Je veux dire, j’ai fui la forêt
A la recherche d’un nouveau maquillage :

Le champ de Caroline
& son épi argenté de blé.

Nous ne laissâmes aucune rivière sereine, ni toi ni moi.
Je veux dire, je portais ma blouse d’urgentiste

Au cas où quelqu’un mourrait,
Au cas où un grêlon déguisé en humain

Ferait un trou
Dans mon cœur inférieur.

Si on me le demandait, j’abdiquerais toute élégance
Pour une zone de chiendent

A peine plus petite qu’une catastrophe
A peine plus grande qu’un boa en plumes.

Au bord, demandais-tu chaque nuit,
De quelle nouvelle terreur ?

La mer verte,
Engourdie dans mon médaillon.

Un lynx fatidique trimbalant
Ton âme perdue sur son dos.




James Henry Knippen

Deux poèmes



Traduits de l'américain par Samuel Rochery


LEGENDE

Après qu’il l’a chanté
huit mille et huit fois,
l’air du coucou
devient du sang qui coule
et l’oiseau meurt. Après qu’on l’a
tournée dans sa serrure
huit mille et huit fois,
la clé devient un bout de craie,
s’effrite dans le tunnel noir,
et la porte devient la porte de toujours.
Une version de cette histoire raconte que
l’oiseau mourant trouve refuge
dans le trou d’une serrure. Une autre,
que la craie dessine
à même le noir un oiseau mourant
à propos duquel tu ne sais pas
si c’est du sang dans les plumes
parce que la craie ne fait que du blanc.


SONNET

Poumon — les moyens du roitelet. Voix — la mousse change de couleur sous
la pluie. Colonne vertébrale — marée de pierres. Mémoire — un os déboîté
vibre dans la brise parfaite. Peau — l’ombre fout le feu
à une forêt d’épaules. Sang — la mortalité s'étend comme un arbre. Oreille
la tempête des grillons passe à travers la fenêtre de la chambre.
Dent — la lune est dans le grenier à foin. Esprit — plumes de corbeau
dans un verre de vin. Intestin — entre les serres d’un faucon le serpent devient
un sommier mou. Foie — les guêpes mortes se concentrent dans les chevrons.
Langue — un proxénète jette de l’étain dans une tente sombre. Œil
fenêtre de classe déformée. Cœur — un gong brise les pierres
tombales. Os — la cheminée est une cachette pour les fantômes.
Moelle — profond silence. Cheveux — on s’en sortirait en passant
par le ciel. Main — aussi désespérante que la gravité. Gorge — il était une fois
un canon sacré. Âme —la voix recule dans l’obscurité rayonnante.





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Brian Builta

Poèmes



Traduits de l'américain par Samuel Rochery


Nid

Se réveiller c’est toujours décevant,
ton peuple est encore mort, l’Ukraine est encore envahie,
et les cons se sentent toujours obligés d’être cons.
Drogué par les histamines, je scotche sur la tache
fuschia apparue sur ma joue. Dehors, du ciment mouillé, une jonquille.
A Topanga, le soleil mielle les collines.
Gueule de bois, pourquoi ne sais-tu pas jouer de la flûte
à la place de ces bongos incessants,
ou alors pourquoi n'es-tu pas, façon Marcel Marceau,
l’apparence silencieuse de la douleur ?
Penché au-dessus d'une flaque sur le trottoir,
une longue liste de conneries me traverse la tête.
Mon petit garçon au fond de la poche, je me promène toute la journée.
Les oiseaux chantent une chanson.
J’écris des poèmes de la même manière qu’ils construisent leur nid.
Je fabrique des choses à partir de choses
prévues pour d’autres usages.
Un type à qui manque le bras droit.
Chouette, une paire supplémentaire d’oreilles.
D’une certaine manière en canette
je bois du sable de Destin Beach.
Les lignes jaunes sont les seules choses
qui nous dissuadent de nous rentrer dedans.
Nous devrions être saufs, aussi longtemps que
nous croyons au pouvoir de la peinture.
Un cheval fait un petit somme de champion. C’est une autre histoire.
Tout semble s’être passé.


Utilité

Je préfère le marteau au poème
lorsque je tombe sur un cercueil ou un clou.
Mon marteau est tellement utile que je le garde
au fond d’un sac en velours sur un lit de velours
dans une chambre tapissée d’un velours à la Elvis.
Un poème n’est pas un marteau, ni un gyroscope,
ni un sextant, ni un Boy Scout boutonneux.
Un poème comme celui-ci n’est d’aucune aide quand
tu meurs de faim, a besoin de péter une horloge
ou si quelqu’un entreprend de séduire ta douce.
On ne peut pas s’essuyer avec un poème, ni
poser une abeille sur sa surface lumineuse
ni le faire briller sous une lumière capricieuse et terne.
Les poèmes ne peuvent pas redresser une terre ramollie
(même s’ils peuvent caler une table bancale)
et ils ne peuvent pas allumer le ciel. Ainsi,
ce poème a besoin de s’expliquer.
Son inutilité lui donne un sens suffisant.

(7 avril 2018)




Joe Gallagher




La légende des Jennifers



Traduits de l'américain par Samuel Rochery


Ma copine n’est copine qu’avec les Jennifers
Elle les collectionne Jennifer par Jennifer
En général il y a une demi-douzaine de Jennifer à la fois
Tandis que les anciennes s’enfuient ou sont larguées
Ca ne me dérangerait pas,
si je n’étais pas tombé amoureux de toutes les Jennifers
Inévitablement quelques-unes d’entre elles m’invitent
A filer en camping avant de mourir
Dans quelque clairière reculée —
Nager à poil, avoir peur du noir en couple
Il y a quoi là-bas au-delà des bois?
Ca peut être chaud de prendre du bon temps en y pensant
Et elles réfléchissent beaucoup, ces Jennifers
(Qui ne souhaitent pas être appelées Jen)
Tandis que je mate les deux Jennifers en train de baiser
Les satellites internet haut débit sont en croisière au-dessus de nos têtes
A ces volées éphémères je confesse
Je veux m’enfuir dans les bois!
Dites-moi, c’est l’heure ?
Les satellites froissent la sphère de leur réponse :
C’est d’un noir au-delà du noir,
Il n’y a pas de nous, pas même quelque chose
C’est l’heure ? Oui — Mais
C’est dangereux d’y aller en solo
Prenez ces Jennifers avec vous.




Ivan Wilhem

Esprit de groupe



Patrick se compte preums
sur une liste
de gens poussiéreux.
On attend son tour
de douche au Bloc
Soleil.

Dans le vestibule
où passe la vaisselle
des bassines improvisent
le bruitage d’animaux
inconnus se faufilant
dans un air fait d’inox
et de verre qu’on remue.

A l'intérieur des murs
le son des conduits
rappelle le chant de vieilles
baleines mal faites.

Les annonces du jour de la baie
vitrée parlent duvets, tentes et licornes
gonflables d’occasion, baptêmes
en parapente, musique.

     Message aux rockeurs :
     j’enregistre vos répètes du mardi au Bloc,
     en vue d’un documentaire radio
     tout-maison à propos de l’esprit
     de groupe — sous toutes ses formes
     — en camping. A bientôt !
     Chloé, emplacement 12.

     06 06 06 06 06 06 06
     70 70 70 70 70 70 70
     34 34 34 34 34 34 34
     65 65 65 65 65 65 65
     43 43 43 43 43 43 43

Patrick détache une des lamelles
téléphoniques du bout
de papier brouillon
en attendant qu’une porte s’ouvre.
Quand un box se libère
quelqu’un passe
la raclette et va
se coiffer devant le premier miroir qu’il trouve.
Patrick enfouit le numéro de la mélomane
dans le compartiment de la trousse
qu’il estime imperméable ;
entre dans la douche à mitigeur
en faisant valser ses tongs
d’un énervement des orteils.
À cet instant, l’idée-projet de
Chloé (pour lui) est un air
dont il doit trouver la forme
des phrases les oreilles
et les yeux bandés.
Patrick accroche sa serviette.
Pose ses affaires.
Box voisin, une voisine
chantonne du Lady
Gaga en se savonnant
au pamplemousse (ça sent le pamplemousse).
     Tell me something, boy,
     aren’t you tired tryin’ to fill that void ?

Contrairement aux poètes
du camping
dont on ne compte dans les groupes
que des chanteurs bourrés
     il faut être toujours ivre, tout est là
     ; c’est l’unique question

, un groupe de rock
se répartit les instruments
comme le travail
sur les fréquences du liquide.
Guitariste, remarque
Patrick, au-dessous de 60 hertz
je ne ferais qu’empiéter sur le terrain des basses.
Et je ne veux pas jouer en réglant
mon Fender Junior sur le terrain
des basses. Non parce que c’est réservé.
Mais parce que ça doit sonner.
Bien sûr, le guitariste peut sonner tout seul.
Mais s’il fait partie d’un groupe,
on ne lui demandera pas
de jouer comme un groupe
à lui tout seul. Il coupera des fréquences.
Ces mêmes fréquences
manqueront s’il joue
seul — seulement voilà,
on s’en fout :
il n’est pas seul.

Faut-il croire que chaque poète
est toujours seul à être poète
en toute circonstance — sans quoi
il n’est pas assez poète ?
Patrick a balancé son short
de bain Oxbow empestant
l’essence des bateaux
au milieu du receveur
; dégaine
un flacon de shampoing à la
camomille
dont il verse
le miel pour cheveux cassants sur le linge qu’il piétine —
non, je crois qu’il est impossible de créer
un groupe de poètes comme on monte un groupe
de rock
parce que tout le monde voudra
trop y être
le chanteur ;

il est temps d’apprendre à
écouter
les fréquences
non les chanteurs
du Poème
Collectif


(suggérer à Chloé un titre
de ce genre
pour son émission
radio.)

Quand un groupe de poètes
vient ici prendre sa douche chante-t-il
à l’unisson sous les pommeaux
individuels comme on aime
abuser d’une eau inutilement brûlante ?

Hum. Ça ne m’étonnerait pas.

Patrick en est là
de ses réflexions approximatives
quand     (coïncidence d’
              esprits isolés)
Lady Gaga demande
à la cantonade
si vous avez remarqué, comme elle,
que le ballon d’eau chaude
ne produisait plus
assez d’eau chaude.




Tallon Griekspoor

Suite San



[Suite extraite du livre Spokane,
paru en 2024 aux éditions DIY16203.
EAN : 9782959163302]




Ceci est un poème Bochiman
en trois parties.

La première « raconte »
une chasse à l’antilope.

La deuxième essaie de penser
un discours de la chasse
à partir du footing.

La troisième est une prière
à la lune,
quand la course est finie.


1. La chasse à l’antilope

C’est l’histoire de
deux chasseurs qui se suivent
à un rythme de course de fond,
à la poursuite d’une antilope.
L’animal au gentil
pelage de peluche
ne se sent pas vraiment traqué
par un footing.
Parce qu’il n’envisage pas
que le caractère inépuisable du footing
des chasseurs San (Basarwa,
Bochiman,
Boschimanes,
Boschimans,
Bushmen,
Khoe,
Khwe,
Masarwa,
Sans,
Sarwa,
Xam)
le condamne au halètement.
À la fin, la sueur de l’endurance des hommes
gagne contre le pelage
naturel handicapant.
« Ceux qui suivent l’éclair »
vont cueillir l’animal
comme un fruit mûr
au bout d’une lance précise.
Tout se fait en silence.
Comme si l’animal tué
mourait de sa mort à lui.
À cause de son propre pelage.
La lance du chasseur
San
ressemble
à une simple vérification.
La chasse silencieuse en footing
n’exclut pas
que les chasseurs
parlent entre eux.
Mais les voyelles sont proscrites,
pour ne pas se signaler.
Le bruit de la parole est égal
aux décibels de l’herbe jaune
dans un filet de vent ras.
Le bruit de la parole
ressemble à un caillou
qu’on déplace
du bout de l’orteil.
Le bruit d’une baie sous la dent.
Le bruit de la parole
est aussi familier
et aussi peu dangereux
pour l’antilope
qu’une branche morte
qu’elle aurait piétinée
sans faire attention.

Les San parlent
une langue khoïsan
qu’on appelle
à clic.

Les consonnes inspirées
du chasseur San
en phase d’approche
appellent
une proxémie.
Consonnes exclusives
pour se parler au creux
de l’oreille
tout en laissant passer du vent
entre les corps,
là on l’on pourrait aussi
déposer une caisse de munitions.
Il y a un rapport
entre le footing
(l’endurance), la parole économe
en « musique »
et une caisse de munitions
pacifique.
Le chasseur ne veut pas la guerre.
Le chasseur San
ne part pas en guerre contre l’animal.
Ses armes sont plus terribles
que la douceur :
– Le sport.
– La sueur.
– Une batterie
d’occlusives et d’affriquées

[ʘ]
[ǀ]
[ǃ]
[ǂ]
[ǁ]

contre les voyelles du vent.

Une lance sèchement musicale à la pointe.


2. Discours du footing des chasseurs

« Adventice série instrumentale
de l’allitération chercheuse »,

aurait dit des clics-munitions
un René Ghil inaudible
perdu dans la genèse
rimbaldisante
des voyelles –

à l’époque (de Verlaine à
Mallarmé)
où il fallait « tout reprendre à la musique » :
OU,
IOU,
UI
et OUI pour les flûtes aprilines,
AE,
OE
et IN pour les Harpes rassérénant les Cieux,
OI,
IO
et ON pour les Cuivres glorieux,
etc.

Un simple footing des chasseurs
rendrait plus
exact
le discours
de la genèse sonore,
qui n’a pas à s’encombrer
d’une idéologie linguistique.
Bien sûr.
Parce qu’au même moment,
le discours des femmes
guérit dans le village.
Et chacune d’elle sait
que la langue n’y est pour rien.
Pas même l’utilisation exclusive
des voyelles
dans la polyphonie contrapuntique sans paroles
appelée yodel.
Il y a dix femmes
qui chantent
au cœur du village entouré
d’acacias et de baikiaea.
Elles accompagnent
un « chant de guérison» (n/om tzisi)
en frappant des mains
de deux façons.
La première matérialise
la pulsation.
La seconde, une formule rythmique.
Polyphonie contrapuntique
sans paroles.
Yodel.

La langue ne guérit pas.
Le langage ne guérit pas.
Mais le discours approprié
dans des décibels
et des mains. Chanté.
Selon les circonstances, d’ailleurs,
c’est aussi une façon
de se divertir.
Comme de bercer les enfants.
La langue ne panse pas.
Ne joue pas.
Ne berce pas.
L’action des verbes
est une conversation
des hommes et des femmes
du village entre eux.
Et il n’y a pas plus
de musique cosmique
dans les voyelles
qu’il n’y a de musique bruitiste
dans les consonnes.

La nuit tombe sur la forêt d’acacias.

Les chasseurs
reviennent
d’un long discours
sur une antilope faite de sport,
de vent jaune
et de brindilles (brndlls) affriquées
comme la genèse
de toutes les courses contre la lune :


3. Prière à la lune

(Poème dans le poème,
en mode franco-furtif anti-Ghil.)

Prnds m fgr t dnn m l tnn !
Prnds m fgr, m fgr mlhrs
Dnn-m t fgr,
vc lqll t rvns
Qnd t mrs
Qnd t dsprs d m v
T t cchs t rvns.
Lss-m t rssmblr, prc q t s pln d j
T rvns chq fs pls vvnt
prs q t s dspr d m v
N ns s-t ps prms jds
Q ns ss ns rvndrns *



_____________________________

* Ce poème San en mode franco-furtif anti-Ghil s’appuie sur la traduction française d’un texte initialement paru en langue anglaise dans Specimens of Bushman folklore, par Wilhelm Heinrich Immanuel Bleek et Lucy Lloyd, éditions Daimon, 1911. « Prière à la Lune » est un poème populaire Bochiman :

« Prends ma figure et donne moi la tienne !
Prends ma figure, ma figure malheureuse
Donne-moi ta figure,
Avec laquelle tu reviens
Quand tu meurs
Quand tu disparais de ma vue
Tu te couches et reviens.
Laisse-moi te ressembler, parce que tu es pleine de joie
Tu reviens chaque fois plus vivante
Après que tu as disparu de ma vue
Ne nous as-tu pas promis jadis
Que nous aussi nous reviendrons
Et serons à nouveau heureux après la mort ? »


Hugo Dellien

Crash de rien



Des essuie-glaces oubliés reprennent
un nettoyage forcené sur une vitre
périmée pleine de soleil.

Ce matin nous roulions sous
une pluie battante dans cette espèce
de long bruit de tôle qui endort

les routes ; je tourne la bague
d’un cran sec l’air de vouloir
bien me faire comprendre

par des choses en plastique.
Un bout d’emballage de Snickers
avec la trace de mes dents de devant

s’échappe de la bouche du ventilo
comme le billet miracle d’une destination
de dernière minute ; nous démarrons.

Sur la route qui semble nous mener à la forêt
de Boscodon la station parle du récent crash
passe-passe d’un pendulaire dans le cirque

de Morgon. Les débris sont introuvables —
exactement comme des gens qui auraient
soigné le scénario de leur propre disparition

à jamais. Le vrai problème dit la voix
dans les baffles c’est que personne ne sait
si quelqu’un se trouvait aux commandes

de l’appareil. Après enquête
aucun pendulaire de la région
ne manque à son garage.

J’écoute tout en observant du coin de l’oeil
le moucheron qui se débat à 80 km/h dans
une vieille goutte grossissante de pluie

sur le verre de mon rétroviseur.
Lors d’une annulation
ponctuelle du monde

les vivants les morts et les fantômes
petits ou grands
ne sont pas invités.

Kad Baudelaire

La compil des poètes incompris






Il a deux passions dans la vie : les poèmes et les avions.
C’est Jean Michel Emelézavions.


Souvent,
pour s’amuser,
les hommes
d’équipage

prennent des albatros,
vastes oiseaux des mers,
qui suivent, indolents
compagnons de voyage,

le navire glissant
sur les gouffres
amers, pour des airbus

avec un beau fuselage
et de beaux réacteurs
à l’arrière.





Il ne lit que 50% des poèmes qu’il écrit,
c’est Jean Michel Amoitié.


Ils me disent, tes yeux,
Pour toi, bizarre.
Sois charmante et.
Excepté.

Ne veut pas.
Berceuse.
Ni sa noire légende.
Je hais.

Aimons-nous doucement.
Ténébreux, embusqué, bande.
Je connais les engins.

Crime.
Comme moi.
Ô ma !





Il a deux passions, boire et écrire des poèmes,
c’est Jean Michel Torché.


Il faut être toujours pété, tout est là ; c'est l'unique question. Rien de plus beau qu'une murge éternelle.
Au bout d’un moment vous prenez le manche d’un balai pour une flûte traversière et hop c'est un poème — ça devient puissant.
Demandez au vent, à la vague, à l’étoile, à l’oiseau et à l’horloge où se trouve la cuvette des chiottes dans la maison.





Il a toujours quelque chose à vendre dans ses poèmes,
c’est Jean Michel Petitanonsse.


Vends l'objet que nous vîmes,
mon âme, ce beau

matin d'été si doux
au détour d'un sentier :

une charogne infâme
sur un lit semé de cailloux.

Cause déménagement.





Il ne lit que la fin de ses poèmes,
c’est Jean Michel Lafin.


Ma soeur.
Ton coeur ruisselant.
Toi qui le savais.
Dans un coin.

Mon coeur se plaît.
Sinon, je te maudis.
Choses muettes.
Sans dégoût.

Ton insanité.
Quatre murs !
Sibérie !

Et le fer.
La mort.
Ancienne et moderne.





Il a jamais su régler son écran de poésie,
C'est Jean Michel Sature



Ma soeur.
Ton coeur ruisselant.
Toi qui le savais.
Dans un coin.

Mon coeur se plaît.
Sinon, je te maudis.
Choses muettes.
Sans dégoût.

Ton insanité.
Quatre murs !
Sibérie !

Et le fer.
La mort.
Ancienne et moderne.






































Ce trente deuxième numéro de Watts a été achevé de coder
le 1er mai 2025.